Proposition du groupe socialiste - votée par le Conseil municipal le 21 juin 2022
Nous sommes toutes et tous piétons !
Les déplacements à pied et à vélo sont le mode de déplacement le plus écologique et naturel (dans le sens originel). Sans pollution, ni bruit, ils réduisent les coûts liés aux transports et gain de surface et d'espace et renforce les liens sociaux, par des liens plus directs et conviviaux avec son environnement (ses voisins, sa ville, etc.).
Tout le monde se déplace à pied à un moment ou à un autre de la journée.
Pourtant, les déplacements à pied sont encore peu valorisés par les politiques publiques et dans l’esprit d’un large public. La marche à pied constitue cependant un défi majeur pour l’avenir des villes et des agglomérations.
En effet, la mobilité à pied fait partie intégrante de la ville en tant que pratique de l’espace public. L’ambiance d’une ville est intimement liée à la perception que l’on en a en tant que piéton. De plus, la mobilité piétonne et les transports publics sont complémentaires et présentent des synergies évidentes à développer.
Le piéton est multiple et ses besoins divers. Il utilise tous les espaces à sa disposition et c’est pourquoi la notion de réseau est fondamentale. Ainsi, la planification des besoins des piétons concerne tout l’espace d’une ville ou d’une commune. Il s’agit donc de mettre en œuvre une politique urbaine, qui traite des espaces publics, de la mobilité et de l’environnement.
Nous ne sommes pas tous égaux dans nos déplacements.
Différentes catégories de personnes sont à prendre en compte pour répondre aux exigences d’un réseau piétonnier performant.
> Les enfants : sécurité sur le chemin de l’école.
> Les jeunes et les étudiants : convivialité et espaces de rencontre, dimensionnement généreux des arrêts de transports publics sur les lignes d’accès aux établissements scolaires.
> Les personnes avec poussettes : continuité des parcours sans obstacle.
> Les personnes âgées : confort des parcours, disposition de bancs.
> Les personnes à mobilité réduite (PMR) : continuité des parcours, mesures spécifiques (bande podotactile, signal sonore, …), hauteur des quais aux arrêts de transports publics.
> Les personnes chargées : dimensionnement généreux des espaces. Les exigences d’un réseau piétonnier performant concernent la sécurité, les continuités et le confort.
A ces critères correspondent des objectifs et principes d’aménagement. Ceux-ci constituent le cadre dans lequel les mesures en faveur des piétons doivent s’inscrire.
Les déplacements à pied et à vélo cumulent de nombreux bénéfices pour son utilisateur, dont en particulier l'occasion de pratiquer régulièrement de l'activité physique (30 minutes d’effort physique par jour en moyenne suffisent pour améliorer sa santé et prévenir les maladies, recommandation de l'OMS).
Les déplacements à pied et à vélo sont particulièrement performants en milieu urbain.
D’une manière générale, les déplacements à pied sont attractifs pour des distances inférieures à 1 kilomètre ou une durée inférieure à 15 minutes ; les déplacements à vélos sont adaptés à des distances allant jusqu’à 5 kilomètres ou une durée ne dépassant pas 20 minutes (voire plus avec les vélos à assistance électrique).
Parmi les déplacements urbains en voiture, plus de la moitié sont inférieurs à 3 kilomètres. Ce constat montre le potentiel que représentent les déplacements à pied et à vélo lors des déplacements urbains.
A l’intérieur des agglomérations, le report modal vers le vélo, par exemple, représente un grand potentiel pour la mobilité des personnes. En outre, les bénéfices sont collectifs (diminution du bruit et de la pollution) et individuels (meilleure santé).
Les cheminements piétonniers doivent répondre à un haut degré de sécurité que ce soit au niveau des aménagements eux-mêmes (par exemple, visibilité aux traversées piétonnes) ou au niveau de l'usage de l'espace public en général (empêcher le stationnement sauvage sur les trottoirs, abaisser les vitesses à certains carrefours ou sur des tronçons, etc.). L'amélioration de la sécurité est une tâche continue à mener sur l'ensemble du réseau, quel que soit le niveau hiérarchique de la voie.
La sécurité et le confort des piétons sont fortement dépendants des mesures de circulation.
La sécurité doit être assurée partout. Mais elle est particulièrement importante à proximité des écoles et des homes pour personnes âgées (populations fortement exposées aux risques) et sur les axes principaux (milieux souvent hostiles aux piétons et pourtant fortement fréquentés pour rejoindre les arrêts de transports publics, par exemple).
Des mesures liées au confort (abaissement du trottoir, qualité du revêtement, etc.) contribuent également à l'amélioration de la sécurité, notamment pour les personnes à mobilité réduite.
Les communes ont un large potentiel d’amélioration.
Depuis de nombreuses années la marche est le parent pauvre des politiques publiques genevoises.
On peut noter que la ville de Genève s'est dotée d'un plan piéton pour les enfants et d'un plan de mobilité scolaire.
On peut aussi relever que dans le cadre de la deuxième édition du projet "Marchabilité et santé – Comparaison entre 15 villes suisses" une commune genevoise a été examinée. Il s'agit de Meyrin qui a les piéton·nes les plus satisfait·es de toutes les communes étudiées. De nettes améliorations y ont été perçues au cours des dernières années. L’équipement des places et des parcs est perçu comme pratiquement exemplaire. Meyrin est également bien notée par la population en ce qui concerne l’équipement des arrêts de bus et de tram.
Les analyses mettent en évidence les besoins spécifiques des personnes qui marchent, trop souvent oubliés dans les communes. Il vaut la peine de réaliser une enquête continue sur la marchabilité pour toutes les communes de plus de 10’000 habitants.
Avoir des infrastructures est un premier (grand) pas mais encore faut-il une signalisation adéquate, pour que chacun∙e puisse s’y retrouver et surtout comprendre la continuité des itinéraires.
La réflexion sur les itinéraires vélos doit se faire en parallèle, ces deux modes de transports n’ayant pas les mêmes besoins ni les mêmes infrastructures. Il est donc nécessaire de réfléchir à ces derniers de façon concertées mais comme deux modes différents.
Sans oublier, une concertation efficiente des associations actives dans la mobilité douce mais aussi des associations de quartiers, que ce soit d’habitant∙e∙s ou de commerçant∙e∙s doit être mise en place. De nombreux habitant∙e∙s ont envie de vivre dans un quartier pacifié, avec moins de bruit et de pollution liée au trafic individuel motorisé. La piétonnisation est une solution à leur proposer. Cette concertation permettrait d’avoir des projets portés non seulement par les autorités mais aussi par les personnes actives localement et de calibrer des infrastructures piétonnes au mieux des besoins des habitant∙e∙s et commerçant∙e∙s des quartiers.
Créer des traversantes piétonnes, c’est aussi créer des lieux de vie au centre des quartiers, diminuer la pollution, favoriser la santé de la population et l’économie locale. Un projet aux multiples bénéfices et qui changerait la vie de nombreux∙ses citoyen∙ne∙s.
Patrick Sturchio / Chef de groupe
Comments